10/06/2009

Iznik, la céramique ottomane

On a longtemps attribué la céramique Iznik à l'art de potiers persans, qui auraient été prisonniers des chevaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem à Rhodes (Lindos pour les Grecs). En vérité on est aujourd'hui certain que cette production est issue de la ville d'Iznik, en Turquie, l'antique Nicée. On continue néanmoins à les appeler "faïences de Rhodes" ou "de Lindos".
Leur technique de fabrication est tout à fait particulière : il ne s'agit pas de faïence mais de terre siliceuse qu'on mélange à un peu d'argile et de fritte* plombifère et qu'on enduit d'un engobe** blanc. La pièce sèche au soleil puis est colorée par des oxydes métalliques, posées au pinceau. Elle reçoit ensuite une glaçure transparente incolore qui contient de l'étain et est cuite dans un four clos. La création de cette vaisselle répond à un goût très vif des souverains ottomans pour la céramique chinoise.
Les premiers décors (de 1530 à 1555) sont donc bleus sur fond blanc, à l'imitation des porcelaines de l'époque Ming, même si les potiers imposent vite un répertoire personnel, composé de tulipes, de jacinthes, d'oeillets et de roses. La couleur la plus utilisée était le bleu cobalt, mais les couleurs bleu ciel, turquoise, mauve et vertes étaient également couramment utilisées. C'est à partir de 1555 qu'apparaît le rouge d'Iznik ou bol d'Arménie, argile appliquée en couche épaisse et qui permet enfin de poser le vermillon sur des poteries de grand feu.

* Fritte : mélange de sable siliceux ou feldspathique et de soude permet la vitrification de la pâte à la cuisson.
** Engobe : argile liquide de couleur naturelle ou légèrement teintée dont on couvre la terre cuite.